Dieu, la Sainte Trinité
Par Sœur Marie Lataste, mystique catholique
LIVRE 5
De la religion en général et de
la religion chrétienne en particulier.
Chap. 6, Pratiquer sa religion
Le Sauveur Jésus m’a encore dit dans une autre circonstance :
— Ma fille, je vous ai parlé de la religion ; il suffit de la connaître, ce semble, pour l’aimer ; car on aime naturellement ce qui est beau, ce qui est bien, ce qui est parfait, et quoi de plus beau, quoi de meilleur, quoi de plus parfait que ma religion ? Voyez cependant les hommes. Ils n’ont point d’yeux pour contempler ce chef-d’œuvre du Très-Haut, ils n’en ont que pour la terre. Ils n’ont point d’yeux pour considérer quels sont leurs devoirs envers leur Créateur, et ils rampent à terre près de certaines créatures. Ils n’ont point d’yeux pour s’arrêter à la vue de leurs intérêts de l’éternité, ils n’en ont que pour leurs intérêts matériels et passagers de ce monde. Quel aveuglement !
Oublier Dieu, ne pas lui rendre les hommages qu’il mérite, préférer l’or, l’argent, les richesses, les plaisirs, les honneurs, la gloire de la terre aux richesses du ciel, à la félicité du ciel, à la gloire du ciel ! Et combien est grand le nombre de ceux qui agissent ainsi ! Plusieurs pourtant croient pratiquer leur religion. Que font–ils pour cela ? Ils consultent leurs goûts, leurs inclinations, suivent même quelquefois l’entraînement de leurs passions. Combien qui prient, mais seulement du bout des lèvres ; combien qui prient, mais sans attention, sans respect pour Dieu, sans amour pour lui. Voyez-les dans le lieu saint. L’église est une maison de prières ; l’église est le lieu de ma résidence, celui où j’habite corporellement, celui que je remplis de ma gloire et où les anges tremblants viennent m’adorer en silence ; le lieu où je m’immole chaque jour de nouveau pour le salut du monde ; le lieu de la naissance spirituelle de l’homme ; le lieu où son âme vient puiser de nouvelles forces ; le lieu où il reçoit le pain de la parole ; le lieu où après sa mort il sera transporté, afin de recevoir une dernière bénédiction. L’église, c’est bien la maison de Dieu, c’est aussi la maison du chrétien, c’est le lieu de la réunion de la grande famille, du père avec ses enfants.
Comment agissent la plupart des hommes dans l’Église ? Ils entrent dans ce lieu sans se demander où ils vont ; sans se demander qui ils vont visiter et honorer ; ils sont distraits, se mettent à genoux machinalement, sans attention, prononçant quelques prières et tout est là. Pendant qu’ils sont dans ce lieu, leur esprit n’est nullement occupé de ce qui s’y passe ; ils parlent entre eux, ils s’occupent de leurs affaires temporelles, et tandis que tout leur parle de l’éternité, ils ne songent qu’à la vie du temps. Pour eux, assister aux offices divins, c’est avoir accompli les devoirs de la religion, et souvent ils n’y viennent que pour se faire voir, pour voir leurs amis, comme en un lieu de réunion, pour entendre une belle parole, par habitude. Leur cœur n’a été nullement touché. En quittant le lieu saint, ils iront se livrer à leurs divertissements, à leurs jeux, à leurs distractions qui souvent sont divertissements, jeux et distractions dans le péché.
« Pensez-vous qu’agir ainsi c’est pratiquer sa religion ? Non, ma fille ; c’est être indifférent pour elle ; c’est plus que de l’indifférence, c’est un oubli complet de sa religion.
« Que dire donc de ceux qui se contentent de ne point violer les commandements que la loi des hommes elle-même ne permet pas de violer ? Ah ! Ma fille, c’est de l’impiété, et l’impie est repoussé par Dieu au jour de sa justice ; l’impie est privé de la vue de Dieu au jour du jugement ; l’impie reçoit ce qu’il mérite, c’est l’enfer ; ce qu’il mérite, c’est le courroux et la malédiction de Dieu dont le poids l’accablera à jamais.
« N’imitez pas ces hommes indifférents, ces hommes coupables, ces hommes impies ; comprenez mieux votre religion. Que la pratique de la religion soit un hommage parti de votre cœur pour aller à Dieu, et Dieu l’agréera, Dieu le recevra et vous préparera une récompense digne de sa magnificence souveraine et de sa libéralité infinie. »