Dieu, la Sainte Trinité
Par Sœur Marie Lataste, mystique catholique
LIVRE 5
De la religion en général et de
la religion chrétienne en particulier.
Chap. 10, La parabole de la semence
Un jour le Sauveur Jésus me parla ainsi :
— Ma fille, ce ne sont pas ceux qui écoutent ma parole qui seront justifiés, mais ceux qui la pratiquent. Vous vous rappelez la parabole de la semence et l’explication que j’en ai donnée, là se trouve la vérité rendue sensible de ce que je vous dis à cette heure. Les personnes qui écoutent ma parole, mais qui ont leur esprit distrait et occupé de mille pensées étrangères, ne seront point justifiées par elle. Leur cœur est comme un grand chemin ouvert à tout venant ; ma parole ne produit pas de fruit dans ces âmes.
« Les personnes qui écoutent ma parole, mais qui sont insensibles, ne seront point justifiées par elle. Cette insensibilité peut affecter l’esprit et le cœur. L’insensibilité de l’esprit est une espèce d’aveuglement qui empêche de comprendre ce qu’exprime ma parole ; l’insensibilité du cœur suit ordinairement celle de l’esprit. Ce que l’esprit ne comprend point, le cœur ne le goûte point ; quelquefois pourtant, l’insensibilité du cœur est seule et n’est point précédée de l’insensibilité de l’esprit ; cette insensibilité est un manque de goût qui empêche ma parole de produire des fruits dans ces âmes. Ces âmes ressemblent au chemin pierreux qui reçoit la semence, mais qui n’a point d’humidité ni de suc nourricier pour l’entretenir et la faire vivre.
« Les personnes qui écoutent ma parole, mais qui sont immortifiées, ne seront point vivifiées par elle. L’immortification laisse pousser dans l’âme des épines qui la blessent, qui la déchirent et qui empêchent le bien de se faire en ces âmes ; elles reçoivent la parole de Dieu, elles la goûtent, mais ne veulent point se mortifier pour modifier ce qu’il y a de vicieux en elles. Elles ne font point d’efforts, elles ne prennent point de résolutions, ou bien ces résolutions ne sont point exécutées ou ne le sont que pendant quelque temps. Ma parole germe comme la semence, croît, produit du fruit, mais ce fruit est bientôt étouffé par les passions, ces épines de l’âme.
« Que faut-il donc, ma fille, pour être justifié par ma parole ? Il faut trois choses : l’écouter, la retenir, et la retenir dans un cœur bon et bien disposé. Si on ne l’écoute pas, c’est comme si elle ne se faisait point entendre ; si on ne la retient pas, c’est comme si on ne l’avait point entendue ; enfin, si le cœur n’est pas bon et bien disposé, elle devient inutile, parce qu’elle ne peut agir.
« Écoutez donc la parole de Dieu, quel que soit celui qui vous la fera entendre. N’examinez point ni sa diction, ni sa facilité à parler, ni la manière dont il vous présente les choses ; écoutez-la uniquement parce que c’est la parole de Dieu.
« Retenez cette parole ; ensevelissez-la dans votre cœur ; réchauffez-la, elle finira par faire germer en vous le bien. Pour cela, disposez votre cœur comme le paysan dispose son champ : arrachez tout ce qu’il y a de mauvais ; faites de votre cœur un champ bien labouré, bien préparé ; que votre cœur soit bon et tourné complètement vers moi ; soyez sûre que s’il en est ainsi, toujours ma parole produira des fruits au centuple, car vous écouterez ce que je vous dirai, vous le retiendrez et vous l’accomplirez. Vous l’accomplirez, parce que votre cœur est bon ; vous l’accomplirez, parce que vous verrez l’expression de ma volonté, et que votre cœur attaché à moi ne voudra point me faire de la peine, et si vous accomplissez ma parole, vous marcherez dans la vérité et dans le bien ; vous vous justifierez par conséquent chaque jour davantage ; chaque jour vous vous unirez de plus en plus à moi, et vous vous détacherez de la terre. »