De la religion en général et de la religion chrétienne en particulier : Le chrétien – Marie Lataste L5-Chap12

Dieu, la Sainte Trinité

Par Sœur Marie Lataste, mystique catholique

LIVRE 5

De la religion en général et de

la religion chrétienne en particulier.

 

12, Le chrétien – « Le chrétien est un autre moi-même »

 

Après m’avoir parlé du prêtre, le Sauveur Jésus m’a parlé du chrétien.

 

— Ma fille, me dit-il, je vous ai parlé du prêtre, je veux vous parler aujourd’hui du chrétien. Le chrétien comme le prêtre est un autre moi-même, par conséquent le chrétien est prêtre aussi puisqu’il me ressemble et que je suis prêtre éternel. Il y a néanmoins une grande différence entre ces deux sacerdoces. Le sacerdoce du chrétien n’est qu’une participation du mien qui lui est donnée par le baptême ; tandis que celui du prêtre est la réalité même de mon sacerdoce qui lui est donnée par le sacrement de l’ordre.

 

« Le baptême donne la vie, et toute vie vient de Dieu et doit retourner à Dieu. Or, ce retour de celui qui a reçu la vie à celui qui la lui a donnée est un sacrifice, et ce sacrifice demande et requiert nécessairement un sacrificateur, un prêtre. C’est le chrétien. Tout prêtre offre une victime. Quelle est la victime que le chrétien-prêtre offre à Dieu ? C’est lui-même, son corps, son âme, ses facultés, tout ce qui est en lui. Toute victime immolée requiert un temple, lieu consacré pour le sacrifice. Quel est-il ? Son cœur. Il faut quelqu’un à qui on l’offre. A qui donc ? À Dieu. Pourquoi cela ? Pour retourner à lui, pour unir sa vie à la vie de Dieu, pour transformer sa vie en la vie de Dieu. Car l’immolation n’est pas une annihilation, une destruction complète.

 

Le chrétien mourant chaque jour à lui-même ne se détruit pas complètement par son immolation, ne s’annihile pas par sa mort ; par son immolation et par sa mort il va à Dieu ; par son immolation, il enlève tout ce qui est en lui pour recevoir ce qui est en Dieu ; par sa mort, il change de vie pour vivre de la vie de Dieu ; l’immolation et la mort le transforment complètement. La vie de Dieu ne peut venir en l’homme que par la destruction de la vie humaine, et voilà pourquoi le chrétien, qui est prêtre, immole sa vie pour recevoir en lui la vie de Dieu. Le chrétien, qui est prêtre, immole la vie qu’il sent en lui et qui est matérielle, grossière, terrestre, animale et charnelle ; il sacrifie chaque jour cette vie, et plus il se sacrifie, plus, même dès ici-bas, sa vie devient pure, céleste, spirituelle, sainte, divine.

 

Le sacrifice donc n’anéantit pas la vie, il la transforme. Et quand arrive pour chaque chrétien l’immolation parfaite, entière, consommée de lui-même par la mort, alors la transformation aussi est complète et le sacrifice est terminé. Et ce sacrifice, cette immolation, comme la transformation produite par ce sacrifice et cette immolation, c’est moi qui l’opère dans chaque chrétien ; parce que Dieu ne veut agréer cette offrande ni faire participer à sa vie que par moi. Aussi, le chrétien offrant le sacrifice dont il est lui-même la victime doit s’unir à moi, qui l’offrirai à mon Père en m’offrant avec lui. Dieu l’acceptera et déposera en lui sa vie comme il l’a déposée en moi dans sa totalité.

 

« Ainsi le chrétien par son sacerdoce me devient semblable. Je m’offre à Dieu continuellement, je suis à la fois le prêtre et la victime de mon sacrifice, et par lui je retourne à Dieu ; il en est de même du chrétien. Il s’offre continuellement à Dieu, il est à la fois prêtre et victime du sacrifice, qui transforme sa vie en la vie de Dieu.

 

« Le chrétien est prêtre, et il s’offre à Dieu en sacrifice. Le chrétien est prêtre, et parce qu’il est prêtre, il m’offre moi-même à Dieu. Il me prend non seulement au moment de mon sacrifice sur l’autel pendant la sainte messe, mais encore à chaque instant de la journée dans le sacrement de mon amour, où je suis et demeure constamment à l’état de victime, et il m’offre à Dieu pour satisfaire à sa divine justice, pour le remercier des bienfaits qu’il lui a accordés, pour lui demander de nouvelles grâces, pour reconnaître son souverain domaine sur toutes choses et lui présenter une victime digne de lui.

 

« Ainsi, ma fille, j’offre à Dieu le chrétien qui s’offre lui-même, et le chrétien m’offre aussi à mon Père, et mon Père reçoit la victime que je lui offre et celle que lui offre le chrétien, et par cette réception il consomme en lui toute créature.

« C’est le baptême qui donne au chrétien participation de mon sacerdoce, qui fait le chrétien prêtre ; c’est le baptême aussi qui fait le chrétien fils de Dieu, frère du Fils de l’homme et le cohéritier de ma gloire du ciel.

 

« Comment s’opère ce prodige ? Ma fille, par la vertu du Très-Haut, qui vient entourer celui qui est baptisé ; le Saint-Esprit descend en lui, et en ce moment même l’œuvre est consommée. Dieu par le baptême vient engendrer le chrétien au sein de l’Église. Il le dépose en elle, et lui donne vie en elle comme dans le sein d’une mère. Il le lui confie et lui dit : “Celui-ci est mon fils bien-aimé ; j’ai mis en lui toutes mes complaisances.” Savez-vous quelles sont ces complaisances déposées par Dieu dans le chrétien ? C’est la grâce sanctifiante, la participation de sa vie divine, participation qui rend le chrétien fils de Dieu, et qui permet au chrétien d’appeler Dieu son père.

 

« Le chrétien est fils de Dieu par adoption, comme je le suis par nature ; or, les fils d’un même père sont frères entre eux, je suis donc frère du chrétien, et le chrétien est mon frère, par cela seul que Dieu l’a adopté pour son fils. Pour augmenter et perfectionner cette fraternité, je me suis fait homme et je suis né de Marie, afin que frère de l’homme parce que Dieu l’adoptait pour son fils, je le fusse aussi en tant qu’homme par l’adoption que ma Mère ferait de tous les hommes ; et Marie adopta tous les hommes pour ses enfants sur le Calvaire, en la personne de saint Jean, comme mon Père dans le ciel les adopte au moment du baptême.

 

« Cette adoption ne doit pas durer seulement dans le temps, le chrétien ne doit pas seulement être mon frère tant qu’il demeure ici-bas ; car les dons de Dieu sont parfaits, et s’il adopte l’homme sur la terre, c’est pour l’éternité. Le chrétien est mon frère, il viendra demeurer avec moi et participer à ma royauté et à ma gloire du ciel. Il viendra se plaire en mon Père pendant les siècles des siècles, et à mon exemple rendre à jamais gloire à Dieu.

 

« Voilà la dignité du chrétien. Dieu fait passer en lui sa vie en lui enlevant la vie de péché et lui donnant sa grâce. Je fais le chrétien mon frère, je lui donne le nom d’ami, je l’appelle à ma gloire du ciel. Vous devez comprendre par-là combien grands sont les péchés de ceux qui ont reçu la grâce du baptême, consécration toute spéciale à la Divinité. Vous devez comprendre quelle injure le chrétien fait à Dieu qui est son Père, au Fils de Dieu qui l’appelle son ami et son frère, au Saint-Esprit qui habite en lui par la grâce. Vous devez comprendre quelle est la folie du chrétien qui renonce à tous ces titres pour devenir rebelle à Dieu, qui renonce au ciel pour mériter l’enfer.

 

 

« Malheur à ceux qui agissent ainsi ! Leur caractère de chrétien ne disparaîtra jamais, et la justice éternelle en vengera la profanation. Heureux, au contraire, ceux qui conserveront toujours ce caractère avec la beauté et la gloire que Dieu y a attachées ! Ils brilleront comme des astres lumineux dans la cité céleste où ils seront récompensés. »

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