« Mon fils, saisis la grâce lorsqu’elle se présente à toi.
Je suis le Seigneur qui passe et peut-être ne reviendrai-je pas de sitôt ! »
Voilà dans quel état d’esprit je me retrouvai ce matin-là vers 2 heures, quasi projeté vers le sol de ma chambre, les doigts sous les genoux, le front contre terre entamant de douces confidences auprès de Lui, l’Amour, la Joie, notre Bonheur sans fin déjà présent en ces heures bénies qui s’égrenaient goutte à goutte comme le café passant en ma tasse quotidienne, titillant odorat et papilles réjouies…
Mes bien chers amis en Jésus Sauveur,
Oui, c’est bien vrai que je suis heureux de vous écrire mon petit mot habituel car j’obéis à cet appel pressant du Très-Haut qui, pour une raison que j’ignore, m’invite à vous raconter ma conversion survenue fin d’année 1978 !

Il est bien connu que les témoignages de l’Amour divin pour ses enfants, les récits souvent peu ordinaires de certains convertis peuvent nous être bénéfiques et déclencher chez l’auditeur de sérieuses remises en question, de véritables découvertes qu’il n’est pas difficile d’adapter à nos circonstances de vie bien diverses et à imiter parfois en provoquant de vrais bouleversements, points de départ de tout un cheminement nouveau…
Voici donc mon histoire ou, en tout cas, la période de mon existence qui fut un jour la base d’une transformation radicale décidée par la Providence qu’à l’époque je ne saisissais même pas !
« Alors que depuis plusieurs années, je me traînais dans la boue gluante du péché, indifférent aux choses de Dieu, incapable de mettre en ordre cette vie vouée aux débordements de tout genre, un de mes amis d’alors à qui j’avais un peu confié l’état lamentable de mes conduites fort peu recommandables, m’invita à participer avec deux autres de ses connaissances à une retraite des exercices de st.Ignace au monastère de Flavigny-sur-Ozerain en Bourgogne.
De quoi s’agissait-il ? Qu’aurais-je bien pu faire dans une telle ambiance de prières auxquelles jamais je ne m’adonnais, moi qui n’y connaissais rien ? J’avais d’ailleurs oublié l’importance de mon baptême resté incompris ainsi que les communions sans conviction aucune à ma plus tendre enfance. Je m’étais empressé par la suite de jouir de l’heure de messe du dimanche au café du coin, trompant mes chers parents dès l’âge de 14 ans !
Et puis qu’allaient donc m’apprendre ces foutus moines (ces hommes en sandales et en habit foncé) que je n’avais jamais rencontrés et que mon esprit débile avait déjà caricaturés comme des pestiférés sans grand intérêt ?
Ô mon Dieu, quand j’y pense, comme je tremble maintenant, convaincu de l’incroyable miséricorde dont vous aviez fait preuve à mon égard, balayant d’un revers de main toutes les railleries et imbécillités dans lesquelles je me vautrais alors, coupable de mille enfers.
Et pourtant !
Me voici donc parachuté en ce lieu inconnu pour la première émission (d’une très longue série que j’allais vivre dans les années futures, guidé, décapé, relooké chaque fois par une main attentive que je ne pouvais voir).

Ce qui me frappa d’emblée fut la gentillesse, la prévenance, le sourire de tous ces jeunes frères moines de 18 à 35 ans qui nous reçurent, j’en eus connaissance plus tard, comme on accueillerait le Christ (devise de St.Benoît).
Les premières conférences suivies de méditations sur le sujet décortiqué me parurent, bien qu’intéressantes, assez dissonantes en mes oreilles peu expertes à de tels propos. Si à la fin de la première journée le bon repas du soir bien arrosé me réconforta vigoureusement, il s’articula cependant avec une nuit perturbée de questions sans réponses immédiates.
Le lendemain, défilèrent les réelles découvertes entremêlées d’entretiens particuliers avec le guide qui me fut proposé (le Père Michel qui à l’âge de 70 ans aujourd’hui est encore, grâce à Dieu, mon Père spirituel). Je peux bien vous avouer aussi que les 5 prédications de vingt minutes chacune en cette même journée m’avaient littéralement assommé tout en m’assoiffant de curiosité pour ce ciel et ses inconnues qui se bousculaient et retombaient progressivement sur mon crâne ahuri !
Cependant les nuages de l’incompréhension, les dégâts de ma vie antérieure, les souffrances accumulées et infligées très justement pour mes années peccamineuses ne suscitaient chez moi que de nombreuses idées erronées (du genre : le Christ est sûrement l’ancêtre du masochisme !) Bref, je n’y comprenais pas grand-chose, embrumé encore par la méfiance et les mauvaises habitudes qui m’avaient tant abruti.
Mais, vous savez, bien cher lecteur, le Seigneur peut, d’un rien tiré du néant, engendrer une œuvre magnifique puisque formatée par Sa Bonté et Son Infinie Puissance ; c’est, figurez-vous, ce que le troisième jour, Notre Père fit pour moi :
J’écrasais pas à pas les feuilles mortes du reposoir en pente vers la vallée, esquivant maladroitement les tombes qui se proposaient lors de ma détente.

Dans ce cimetière inconnu que désormais je n’oublierai plus jamais, j’avais ouvert, pendant cette marche hésitante, un livre de St. Alphonse de Liguori, mon esprit fixé sur ses textes étonnants de vérité et je me gargarisais les neurones tout en dévorant les pages d’une vie nouvelle qui se déroulait en moi comme un tapis d’Orient flashant ses couleurs d’automne.
C’est alors que soudain, en un trait décisif, le Seigneur que je ne respirais que de très loin pourtant, frappa en insistant à la porte de mon cœur. Il m’appelait ainsi à une incroyable conversion provoquant subitement cette vallée de larmes de repentir, de reconnaissance et d’Amour neuf qui venait recouvrir et envahir ma pauvre vie.
Un ciel nouveau, un esprit nouveau, un cœur nouveau…
Tout cela s’enchaînait, se bousculait, m’inondait d’une joie profonde, inconnue jusqu’alors, presque indescriptible… peut-être celle du petit enfant reconnaissant son père ou sa mère pour la première fois de son existence.
Inutile de vous dire que la suite de ces jours, des mois et des années que j’allais vivre alors furent le théâtre de nombreux combats au bout desquels certaines réussites, opérées par qui vous savez, se conjuguèrent aux innombrables défaites temporaires. Peu importe, Jésus était bien là où Il avait semé précédemment son bon grain ; il Lui faudrait 37 années ensuite pour que votre serviteur interprète pour vous son action remplie de richesses insoupçonnées …
Je vous passerai donc les détails de cette longue période durant laquelle le Divin Sculpteur parachève encore en ce jour son image à décalquer car nous le savons tous, l’histoire de l’homme continue dans l’espérance d’une vie meilleure qui doit poindre obligatoirement à l’horizon vers la sainteté (c’est en tout cas ce que nous devons là désirer ardemment pour tous !). Le Seigneur, en effet, nous octroie sans cesse ses Grâces de choix bien adaptées à chacun ; n’oublions pas qu’Il nous veut parfaits, comme Lui est parfait !
Sa providence nous trace la route continuelle de conversion et même si celle-ci est étroite à certains moments, il ne nous est désormais plus possible de l’abandonner, sous peine de haute trahison.

(Avril 2009)
Si Dieu le veut, ce récit continuera un jour, exprimant tout ce qu’Il a daigné construire en son élève que je veux demeurer mais nous nous soumettrons avant tout à Sa Volonté, sachant d’avance qu’elle est belle, qu’elle est bonne, qu’elle est sans faille puisque divine. »
Tiens ! Ma lettre est finie ! Il est 3h et quart.
Le Seigneur s’est couché et je me recouche aussi … tout accolé en esprit… contre Lui … en Lui !
Bien à vous chers amis et bonne journée ! Moi, je vais tenter de me rendormir.
Jean-Michel Moulart