De la religion en général et de la religion chrétienne en particulier : La faiblesse humaine est fort grande, et ma faiblesse plus grande que celle d’autrui. – Marie Lataste L6-Chap4 : Le scrupule. 

Après m’avoir ainsi parlé, le Sauveur Jésus m’entretint quelques jours après du scrupule. Voici à peu près comment il s’exprima :

— Ma fille, je suis la lumière des âmes ; celle qui me possède, qui est bien unie à moi, qui ne vit que de moi, marche dans la vérité ; ses actions sont pleines de vérité et demeurent fermes comme la vérité. Je suis pour l’âme comme une lumière claire, brillante et sans ombre ; je suis pour l’âme comme un feu ardent qui la réchauffe et la vivifie. Or, quelquefois il sort de cette lumière et de ce feu une fumée plus ou moins épaisse qui empêche l’âme de voir clairement, qui l’étourdit et souvent la fait succomber. Cette fumée n’est point produite par la lumière ni par le feu que j’apporte dans l’âme quand je suis avec elle ; elle est produite par l’âme elle-même que pénètrent ce feu et cette lumière.

« Or, voilà l’image du scrupule. Le scrupuleux est celui qui juge faussement le jugement de sa conscience. Il juge faussement parce que son intelligence ne reçoit pas à plein jour l’illumination de ma lumière. Il se fait comme une ombre dans son intelligence, et cette ombre il la prend pour les ténèbres, parce qu’elle l’empêche de voir l’éclat de la lumière, c’est-à-dire la vérité. Ainsi, après avoir posé un acte qui peut être bon et qui même l’est en réalité, revenant sur cet acte et ne le voyant pas tel qu’il est réellement, l’intelligence le juge mauvais et le regarde comme tel.

Ma fille, les âmes qui sont ainsi sont malades, et leur maladie vient de ce qu’elles ne me sont pas unies en tout et pour tout. Je manque à ces âmes, parce qu’elles ne savent pas me trouver. Il y a en elles défaillance dans l’amour qu’elles doivent avoir pour moi. Elles ne savent pas regarder en face la vérité, voilà pourquoi elles se trompent. Néanmoins, ma fille, ces âmes ne sont que malades, elles vivent ; elles sont malades et elles désirent guérir, car leur maladie est un tourment très pénible qui leur cause une souffrance extrême ; elles me sont unies par l’amour, mais leur amour est mal compris, mal entendu. Il n’y a pas en elles de simplicité, d’abandon, de confiance, elles ne sont pas vis-à-vis de moi comme je le voudrais, comme des enfants vis-à-vis de leur mère. Cet état peut être utile pour ces âmes, il peut leur être aussi très funeste.

« Il est utile, quand elles savent l’accepter comme une épreuve de Dieu ; il est funeste, quand elles veulent secouer ce joug pour marcher, non plus à la lueur d’une lumière voilée, mais dans les ténèbres complètes et dans l’obscurité, ou quand elles tombent dans le désespoir. Les âmes scrupuleuses, quand elles perdent leurs scrupules et qu’elles entrevoient clairement la vérité, deviennent des âmes d’une haute sainteté ; mais aussi, quand elles ferment complètement les yeux à cette vérité, elles tombent dans toute sorte de péchés et se séparent complètement de Dieu.

« Il y a deux cas dans lesquels le scrupule vient prendre possession d’une âme ; quand une âme commence à se donner à Dieu, quand une âme marche déjà dans la pratique et l’exercice de toutes les vertus.

« Le scrupule s’empare d’une âme qui commence à se donner à Dieu : cette âme n’est pas bien éclairée ; elle m’aime, mais elle ne laisse pas ma lumière entrer en elle à son aise ; elle craint de trouver encore les ténèbres. Cette crainte ferme à demi les yeux de cette âme ; l’ombre, comme je vous le disais tout à l’heure, se fait dans son intelligence, et cette intelligence, prenant l’ombre pour les ténèbres, trouve le mal là où il n’est pas. Cette répétition de jugements faux portés sur ses actes peut être funeste à cette âme qui commence à se donner à Dieu, la faire tomber dans le désespoir et abandonner complètement la voie qui mène au ciel, pour reprendre celle qui mène à l’éternelle damnation. Il faut à cette âme beaucoup de patience, une grande humilité, surtout une obéissance entière en celui qui la dirige. Elle doit écouter mon ministre, comme elle m’écouterait moi-même, suivre ses conseils et ses avis, s’en rapporter à son jugement et ne pas vouloir faire prédominer le sien. Le scrupule ne résiste pas à l’humilité, et l’obéissance le chasse au loin et le détache de l’âme, comme un vent violent soulève et emporte la poussière des chemins.

« Le scrupule s’empare aussi des âmes qui déjà marchent depuis longtemps dans la pratique des vertus. Elles feront une action indifférente, une action imparfaite, une action même qui pourra être véniellement coupable ; aussitôt le trouble s’empare d’elles, elles croient s’être séparées de moi et ne plus marcher à la clarté de ma lumière. Ce premier trouble agit sur elles pour ce qu’elles accomplissent encore après, et l’état dans lequel elles se trouvent devient, de toutes les épreuves auxquelles elles peuvent être exposées, la plus rude et la plus terrible. Dieu permet cela bien souvent pour le plus grand bien de ces âmes, pour les exercer à une plus grande humilité, pour se les attacher davantage.

Mais pour que cette épreuve tourne à leur profit, il faut qu’elles s’exercent à l’humilité, à la douceur, à la simplicité, à l’amour familier envers Dieu, envers moi, envers ma Mère ; il faut surtout qu’elles se défient d’elles-mêmes, de leur jugement, de leur manière de voir ; elles doivent s’en défier tellement que ce jugement faux produit leur scrupule ; elles doivent non seulement s’en défier, mais y renoncer. Alors, se renonçant elles-mêmes, l’humilité grandira, et le scrupule, qui le plus souvent naît de l’orgueil, de l’amour-propre, de la complaisance et de l’obstination pour sa manière de voir et de juger, le scrupule disparaîtra complètement.

« Le meilleur moyen pour guérir un scrupuleux, ma fille, c’est de lui montrer la vérité, de lui donner la lumière qui lui manque, puisque le scrupule est l’erreur dans un jugement porté par l’intelligence. Cette erreur provient quelquefois d’une éducation fausse et tronquée ; il faut compléter ou redresser cette éducation en donnant la vérité et la lumière.

« Le second remède, c’est l’amour de cette vérité connue. Là où se trouve l’amour, là, ma fille, n’existent point la crainte ni le trouble. Or, le scrupule est encore souvent produit par la crainte. L’impression trop forte qu’éprouve l’imagination à la vue de certaines idées premières, aperçues sous un faux jour et d’une manière exagérée, tient l’âme dans la crainte, la crainte agit sur l’intelligence et l’intelligence juge comme elle ne doit pas juger ; de là le scrupule. Or, la vérité, sous quelque aspect qu’elle se présente, ne produit jamais le mal ; la vérité, c’est le bien ; seule l’altération de la vérité fait le mal. Aimez donc la vérité, attachez-vous à elle ; si vous l’aimez, vous n’aurez pas de crainte, parce que l’amour chasse la crainte.

« Voilà les deux remèdes principaux pour guérir le scrupule : voir la vérité, aimer la vérité.

« Ajoutez à cela la prière, la soumission complète à la volonté de Dieu, la plus grande humilité, et le scrupule s’en ira bientôt.

« Ainsi donc, ma fille, quand il vous semblera que vous avez commis un péché mortel ou plusieurs, si vous n’en êtes pas sûre, si vous ne pouvez vous rendre un témoignage certain de cette faute, ne vous troublez point, ne vous arrêtez point à cette faute ; allez en avant, vous n’avez point péché mortellement. Quand on pèche mortellement, on le sait bien, on s’en aperçoit, parce qu’il faut pour cela un plein consentement de la volonté. Or, vous pouvez toujours savoir si vous avez donné ce consentement. Si ce consentement donné n’est pas pour vous une chose certaine, ne vous arrêtez pas à examiner si vous l’avez donné ou non. Le démon ne cherche que cela, afin de vous troubler, parce qu’il sait bien qu’après votre examen vous ne seriez guère plus avancée, tandis que vous auriez, au contraire, produit ou augmenté le trouble en votre âme. Dites-vous plutôt à vous-même :

Je ne sais si j’ai péché ; mais ma faiblesse est si grande, et si grand aussi mon entraînement au mal, que j’ai bien pu pécher. Mon Dieu, pitié pour moi ; je me jette entre les bras de votre miséricorde et déteste ce péché de tout mon cœur.

« N’oubliez pas, ma fille, que, lorsque vous éprouvez de la peine ou de l’aversion pour un acte mauvais, et qu’après la tentation pour accomplir cet acte, vous ne savez si vous avez consenti ou non, il est certain que vous n’avez point péché. C’est pourquoi je vous engage, si vous vous trouvez jamais en une pareille circonstance, d’abandonner tout cela dans le sein de la miséricorde de Dieu, de vous abriter dans les plaies de mes pieds et de mes mains, en disant à Dieu :

Si j’ai péché, mon Dieu, pardonnez-moi ; si je n’ai point péché, préservez-moi à l’avenir de toute faute et conservez-moi la paix de l’âme.

« Agissez ainsi, ma fille ; marchez à la lumière du flambeau que je fais briller devant vos yeux ; correspondez à l’amour que j’ai pour vous ; donnez-moi votre cœur et je lui donnerai le calme, la paix, la tranquillité, parce que je lui donnerai la vérité. »

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