Sainte Thérèse de l’E.J. et le livre de l’abbé Arminjon – 2ème Conférence : L’Antéchrist (2ème partie)

FIN DU MONDE PRÉSENT
ET
MYSTÈRE DE LA VIE FUTURE

PREMIÈRE CONFÉRENCE

L’ANTECHRIST

DE LA PERSÉCUTION DE L’ANTÉCHRIST ET DE LA CONVERSION DES JUIFS.

II.     LES DEUX TÉMOINS HÉNOCH ET ELIE.

Tant que durera la prophétie des deux témoins, ils seront gardés par une force supérieure. – Efficacité de leurs prédications. – Leurs miracles. – Ils vaincront l’obstination des juifs, et les convertiront à celui qu’ils ont crucifié. – Le témoignage des deux témoins achevé, Dieu leur retirera la force dont il les avait investis. – Circonstances de la mort des deux témoins. – Le Seigneur Jésus tuera l’homme de péché par le souffle de sa bouche. – Après la chute de l’Antéchrist, l’Église catholique entrera dans une nouvelle ère de prospérité et de triomphe.

Enfin quels seront les caractères de la persécution de l’Antéchrist ? Cornélius a Lapide, Suarez, d’après les Écritures et les Pères, en ont signalé les principaux traits. D’abord ce qui est certain et presque de foi, c’est que de toutes les persécutions que l’Église a eu à subir, celle de l’Antéchrist sera la plus terrible et la plus violente.

Premièrement, parce que cette persécution sera générale et s’étendra sur toute la terre. – Il est écrit : « Ils se répandirent sur la face de la terre, et ils environnèrent le camp des saints et la ville bien aimée[29]. » – Saint Augustin, livre XX de la Cité de Dieu, explique ce texte de saint Jean, en disant que tous les infidèles, les hérétiques, les sectaires et les hommes dépravés épars sur la surface du globe, se coaliseront avec l’Antéchrist pour faire la guerre aux saints et persécuter les hommes fidèles à Dieu.

Secondement, cette persécution sera de toutes la plus dure et la plus violente parce qu’elle ne sera inspirée ni par la superstition et par le fanatisme, ni par un attachement aveugle au culte des idoles, comme le furent les persécutions déchaînées par les empereurs païens. Elle ne se proposera ni d’assouvir l’orgueil, ni de satisfaire la soit effrénée de la domination, comme la persécution de Mahomet – Elle ne sera pas non plus allumée par les convoitises effrénées de la chair, et par l’appât du pillage, comme celle que les princes allemands firent subir à l’Église, sous le protestantisme et au temps de la vie de Luther ; mais ce sera une persécution exclusivement suggérée par la haine de Dieu, où Dieu et son Christ seront pris directement à partie, dont l’objectif unique sera l’extermination du règne divin, l’anéantissement total du christianisme et de toute religion positive. – Ainsi les Tibère, les Néron, les plus affreux tyrans du paganisme reconnaissaient au moins dans les idoles, qu’ils voulaient contraindre les chrétiens d’adorer, une notion et comme un reflet lointain de la divinité ; mais dans les temps dont nous parlons, il ne sera plus permis de rendre à une divinité quelconque, même un culte altéré et corrompu. Tous les hommes sans exception seront forcés d’honorer et de rendre un culte de latrie à Satan lui même personnifié dans l’Antéchrist, c’est à dire dans l’homme le plus impie, le plus abominable qu’ait jamais produit l’humanité.

Troisièmement, cette persécution qui signalera les derniers âges s’exercera avec une séduction en quelque sorte irrésistible, ut in errorem inducantur, si fieri potest, etiam electi. Cornélius a Lapide dit : Omnes politicorum artes, dolos et praxes callebit. Dans le principe, l’Antéchrist persuadera aux juifs enfants d’Israël qu’il est le messie. Afin de les tromper plus efficacement, il se parera du masque d’une modération et d’une sainteté hypocrite. Saint Paul, en nous apprenant qu’il se fera adorer dans le temple de Dieu, semble nous indiquer qu’il reconstruira le temple de Jérusalem détruit de fond en comble par Titus ; en conséquence il ordonnera la circoncision et rétablira pour un temps les sacrifices sanglants et les autres rites de la religion judaïque.

La séduction de l’Antéchrist, détail tableau Lucia Signorelli

Quant aux hommes étrangers à la religion juive synagogue, il les attirera à lui d’abord par la persuasion et l’éloquence. Il sera dressé aux artifices et instruit par le démon lui même dans toutes les connaissances utiles pour les fins auxquelles l’esprit mauvais le destine. Saint Anselme nous dit qu’il possédera toutes les scien¬ces naturelles et saura de mémoire tous les textes des Écritures.

Secondement, il gagnera les hommes en semant à profusion l’or et les richesses. Il sera le sujet le plus opulent de la terre. Satan lui livrera tous les trésors cachés dans les entrailles des mers et dans les profondeurs secrètes de la terre.

Quatrièmement, il remplira tous les hommes d’admiration par son génie et par la rapidité prodigieuse avec laquelle il se sera élevé au faîte de la fortune et de la toute puissance. Quant aux ignorants et à la foule, il les fascinera par des prodiges, cujus est adventus secundum operationem Satanœ, in omni virtute et prodigiis mendacibus[30]. – De même que le Christ, dit saint Thomas, opéra des miracles en confirmation de sa doctrine, ainsi l’homme de péché opérera de faux miracles en confirmation de ses erreurs ; mais de même aussi que le vrai Christ opérait des prodiges par la vertu de Dieu, auteur de toute vérité, ainsi son adversaire, comme nous l’avons indiqué plus haut, opérera par la vertu de Satan, le père de l’imposture et du mensonge. L’homme de péché ne fera donc pas de vrais miracles comme Jésus Christ, mais il en fera de faux et d’apparents. Toutes ses œuvres merveilleuses ne seront en réalité que des illusions et des œuvres fantastiques ; de telle sorte, dit saint Athanase, que lorsqu’il paraîtra ressusciter un mort, ou bien l’homme qu’il ressuscitera ne sera pas vraiment mort, ou bien s’il est mort il ne le ressuscitera pas réellement. – Enfin, dit encore le même saint, les œuvres opérées par l’Antéchrist et qui paraîtront dépasser les forces de la nature, ne seront pas des miracles proprement dits, mais des effets et des phénomènes de l’ordre physique opérés par la médiation de certaines causes naturelles secrètes et cachées. – Pour mieux captiver les hommes, l’Antéchrist autorisera la luxure et les licences de la chair, il fera appel aux voluptés les plus enivrantes, tolus erit in libidinibus et concupiscentiis feminarum[31].

Cinquièmement, la persécution de l’Antéchrist sera la plus inhumaine et la plus sanglante de toutes celles qu’a jamais subies le Christianisme. Jésus Christ nous en donne l’assurance, lorsqu’il nous dit : « Alors la tribulation sera grande telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde jusqu’à présent et qu’il n’y en aura jamais. » On peut le conjecturer en se rattachant à deux causes. – La première, est la colossale puissance et les moyens prodigieux de force et de destruction dont l’Anté-Christ sera pourvu et en même temps l’impiété et la rage des hommes préposés à l’exécution de ses commandements. – La seconde, sera l’effrayante malice du démon, car, dit saint Jean, en ces jours Dieu le laissera sortir de la prison de flammes où il est enchaîné et lui donnera pleine licence de séduire et d’assouvir sa haine contre le genre humain. D’où il suit, dit saint Cyrille, qu’il y aura alors des multitudes de martyrs, plus glorieux et plus admirables que ceux qui combattirent jadis, contre des lions dans les amphithéâtres de Rome et des Gaules. Ceux ci n’avaient à lutter que contre de simples ministres du démon, mais les confesseurs des derniers âges auront à lutter contre celui qui est homicide dès le commencement. – L’antique ennemi déploiera pour les tourmenter des monstres de supplice et des raffinements inouïs, sans exemple dans les siècles passés, et que de lui même l’esprit humain ne serait jamais parvenu à inventer.

Enfin, dernier trait de la persécution de l’Antéchrist, elle sera d’une telle violence qu’elle parviendra à faire apostasier la presque universalité des chrétiens. « Et il lui fut donné, de faire la guerre aux saints et de les vaincre. Et cette corne, que je vis, faisait la guerre aux saints, et il lui était donné de prévaloir ». Saint Paul nous apprend encore que Jésus Christ ne descendra pas une seconde fois avant que ne vienne la grande apostasie. Saint Augustin[32], interprétant cette parole de l’Apôtre, nous dit que si dans tous les temps on a vu des fidèles renoncer au Christ par l’effet des artifices des hérétiques et de la crainte des persé¬cuteurs et des tyrans, toutefois, la défection qui se produira sous l’Antéchrist est appelée l’apostasie proprement dite, parce que. Par le nombre et par sa généralité, cette apostasie excédera tout ce qui s’est vu dans les temps antérieurs.

Toutefois il ne faudrait pas conclure de ces témoignages qu’il ne restera plus d’élus sur la terre, et que le Fils de Dieu faillira à la promesse faite à son Église lorsqu’il lui dit : Propter electos, dies breviabuntur, à cause des élus les jours seront abrégés ; du reste, saint Jean dans son Apocalypse ajoute : « La bête sera adorée par tous ceux des habitants de la terre, dont les noms ne sont pas écrits dans le Livre de vie. » Saint Augustin nous affirme qu’au règne de l’Antéchrist, il y aura des multitudes de martyrs qui feront éclater une héroïque constance, il y aura également un nombre plus ou moins grand de confesseurs, qui parviendront à se réfugier dans des cavernes ou dans des montagnes escarpées ou abruptes, et Dieu veillera à ce que ces retraites échappent à la vigilance et aux investigations des persécuteurs, et il ne permettra pas au démon de les leur signaler.

Daniel nous apprend que durant les jours où se déchaînera cette effroyable persécution, l’abomination de la désolation trônera pleinement dans le lieu saint. « Le roi, dit il, agira selon qu’il lui plaira : « il s’élèvera, il parlera avec orgueil contre tout Dieu ; il parlera insolemment contre le Dieu des dieux… Il n’aura aucun égard au Dieu de ses pères. et il ne se souciera d’aucun Dieu quel qu’il soit[33] … »

En d’autres termes, une fois que l’homme de péché aura fait fléchir le genre humain par ses menaces et qu’il l’aura enlacé dans les filets de ses mensonges et de ses ruses, il ne gardera plus aucune mesure, il démasquera toutes ses batteries, et procédera à visage découvert. Il ne souffrira plus que l’on adore ou que l’on invoque d’autre Dieu que lui même, il se proclamera le seul maître du ciel et de la terre. Partout où il ne se trouvera pas personnellement présent, ce sera à son image ou à sa statue que les hommes seront contraints de décerner leurs hommages : Et elevabitur, magnificabitur adversus omnem Deum. Il ne tolérera plus ni la religion mosaïque, ni la religion naturelle elle-même. Il persécutera avec le même acharnement les juifs, les schismatiques, les hérétiques, les déistes, et toutes les sectes qui admettent l’existence d’un être suprême, et l’immortalité de la vie future. – Mais Dieu, dans sa sagesse, tirera le bien du mal. – L’horrible tempête que sa justice aura laissée se déchaîner sur la terre, aura pour effet de faire disparaître les cultes faux. Elle abolira, avec le judaïsme, les restes du mahométisme, les superstitions idolâtres, et toutes les religions hostiles à l’Église. Elle donnera le coup de grâce aux sectes de ténèbres. La franc-maçonnerie, le carbonarisme,  l’illuminisme et toutes les sociétés subversives disparaîtront dans le tourbillon d’impiété qui sera leur œuvre, et qu’elles avaient préparé depuis des siècles, estimant qu’il serait leur triomphe décisif et suprême. – Sans le vouloir, elles auront coopéré à fonder le règne de l’unité annoncé par le prophète, erit unum ovile et unus pastor.

Le triomphe de l’impie aura été de courte durée. Mais les consolations qui succéderont seront universelles, abondantes, proportionnées à l’étendue des tribulations que l’Église aura subies.

Un fils d’Israël, naguère converti, aujourd’hui prêtre et docteur, contemplant avec ravissement le grand spectacle qu’offrira l’Église de Dieu à cette époque fortunée où juifs et gentils, assis à un même banquet, seront devenus une même famille sous la houlette d’un même pasteur, s’écrie avec transport : Dans la vie de Jésus Christ sur la terre, il y a eu deux grands jours de triomphe où il a été reconnu comme Messie et comme Roi : la fête de l’Épiphanie, qui fut en quelque sorte la fête du matin que firent à Jésus Christ les nations accourues et représentées dans la personne des Mages, et le jour des Rameaux qui fut la fête du soir, que fit à Jésus Christ Jérusalem attardée, le jour des Rameaux qui fut le jour des acclamations d’Israël.

Or voici qu’après dix neuf siècles de fidélité, la grande fête de l’Épiphanie est oubliée des nations et de leurs chefs, qui ont rejeté Jésus Christ et son Église. – Laissez moi donc saluer, au soir de la vie de l’Église, le grand jour des Rameaux et l’explosion inattendue des acclamations du vieux peuple de Jacob. Laissez moi saluer et chanter ce jour, où les portes de la synagogue s’ouvriront avec ivresse pour l’entrée triomphale du Messie, qu’elle a si longtemps attendu et méconnu. Laissez moi chanter le jour où les restes d’Israël étendront leurs vêtements sur le chemin du Christ et de son Église, et où l’air sera embaumé des parfums de ce sang qui retombera cette fois en pluie d’amour sur Israël et sur ses enfants. Ô jour des Rameaux, lève toi sur l’Église !… Jérusalem, Jérusalem, combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses petits sous ses ailes ; mais cette fois tu l’auras voulu, ô Jérusalem, sous les ailes tu te seras précipitée. Hosanna et gloire éternelle à Jésus Christ au plus haut des cieux, et à l’Église où Israël après une longue absence a retrouvé son Messie et son Roi[34]. »

Et pourtant ce ne sera pas encore la consommation finale, car il est écrit (Apocalypse, chap. XI) : « Le septième ange sonnera en ce moment de la trompette, et le ciel retentira de grandes voix » : des voix d’anges, des voix de vierges, les voix des confesseurs et des saints martyrs salueront le Christ de leurs louanges et de leurs acclamations, ils rendront grâce de sa victoire sur l’Antéchrist et de l’extermination des impies. Tous les hommes, devenus les adorateurs d’un même Dieu, professant tous une même foi, unis dans une même adoration, participant à une même table, s’écrieront de concert : « Le royaume de Dieu est devenu le royaume de Notre Seigneur et de son Christ… Nous vous rendons gloire, Seigneur Dieu tout puissant, qui êtes, qui étiez et devez venir, parce que vous avez reçu votre grande puissance et que vous régnez [35]. »

Notes

[24] Cornélius à Lapide, à une époque où il n’était pas encore question de nos grandes découvertes, affirmait que l’Antéchrist aurait sous son commandement des années innombrables : Instar arenœ maris (Apoc., XX). Et numerus equestris exercitus vicies millies dena millia. (Apoc., IX, 16). Selon l’interprétation du savant Cornélius, la cavalerie seule de l’Antéchrist se composera de deux cents millions d’hommes. Combien plus considérable sera le nombre de son infanterie ! (Cornélius à Lapide, Comment in Ths., p. 164.)
[25] L’Europe compte 3,339,000 Juifs. L’Allemagne seule en compte 1,250,000, la Roumanie 500,000. Total des Juifs existant dans le monde : six millions. Desmousseau. dans son livre de La Judaïsation des peuples chrétiens, cite une infinité de passages tirés de l’Univers et des Archives Israélites, d’où il ressort que la théologie du judaïsme libéral n’est autre que la doctrine et le symbo¬lisme des société occultes et maçonniques. De là cet aveu remarquable que faisait entendre, il y a peu d’années, un premier ministre de la Grande-Bretagne, issu lui même de sang judaïque : « Le monde, disait il est conduit par de tout autres personnages que ne se l’imaginent ceux dont l’œil ne pénètre pas dans les coulisses… et la puissante révolution qui se prépare en Allemagne, où elle sera bientôt une seconde réforme plus considérable que la première et par conséquent plus destructive du catholicisme, prend son développement sous les auspices du Juif. » Le chevalier Desmousseau, qui éditait son livre en 1869, croit pouvoir affirmer que sur les neuf membres composant le conseil suprême de la Maçonnerie, cinq étaient Israélites.
[26] La Civilta cattolica, revue romaine, liv. 11, janv. 1881, cite le fait d’un juif, qui se fit successivement protestant, catholique, se fit ordonner prêtre, et finalement embrassa l’état religieux. Il racontait lui même que, lorsqu’il était enfant, son père lui avait inculqué la maxime que l’homme « devait vivre selon la religion du pays qu’il habite, et cela pour s’épargner des embarras, être moins tracassé dans sa personne et dans ses affaires. » De fait, l’enfant sut merveilleusement mettre cette doctrine en application. De prêtre et de religieux qu’il était, il se refit protestant et se maria avec une protestante; peu auparavant, il avait eu l’occasion de séjourner en pays mahométan, où il avait jugé utile de vivre en pur mahométan.
[27] Gambetta est le fils d’un Juif baptisé, Reinach, son secrétaire, est un Israélite de Francfort ; les députés Naquet et Sée sont unis à Gambetta par le lien de race, c’est à dire par la commune origine judaïque. (Civilta cattolica, livre ler janvier 1881.)
[28] Archives israélites, XXV.
[29] Ascenderunt super latitudinem terræ et circumierunt castra sanctorum. (Apoc. XX, 8.)
[30] II ad Th., 11
[31] Dan., II, 37.
[32] Cité de Dieu, lib. XX.
[33] (Dan., XI, 37.) A la vérité par ces paroles le prophète se propose aussi de peindre la persécution d’Antiochus et la rage dont ce prince sera animé contre le peuple du Seigneur. Mais, comme observe Suarez, Antiochus n’était que l’image de l’Antéchrist, et les maux qu’il fit subir aux Juifs fidèles sont destinés à retracer en raccourci, ceux qu’endureront les chrétiens des derniers jours.
[34] Abbé Lehman, Les Nations frémissantes.
[35] Apoc., XI, 17.

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