Jésus a-t-il épousé Marie-Madeleine ? (ASDE 20)

Jésus a-t-il épousé Marie-Madeleine ?

 

Le Da Vinci Code prétend que le Christ a épousé Marie-Madeleine et qu’ils ont eu une descendance. Mais il n’existe aucune trace historique d’un mariage de Jésus.

 

Ce que dit le Da Vinci Code : le Christ était marié. Il avait pour épouse Marie Madeleine, et il eut avec elle une descendance. D’ailleurs, dans la mentalité juive de l’époque, il aurait été impossible que le Christ soit célibataire, car le célibat était condamné par la coutume. L’Église a fait de Marie Madeleine une prostituée, pour effacer la trace de ses origines royales.

 

Ce que dit l’histoire : il n’existe aucune trace d’un mariage de Jésus. Le silence complet de la Bible sur ce point serait incompréhensible si le Christ avait eu une épouse. Dans les mentalités juives de l’époque du Christ, la virginité volontaire n’était pas du tout inconcevable, notamment dans le contexte de l’attente messianique. L’idée d’un mariage de Jésus n’a aucun fondement historique. Les relations du Christ avec Marie Madeleine sont empreintes d’une grande affection, comme ses relations avec saint Jean, par exemple. Mais rien dans les textes ne permet de supposer que le Christ n’est pas resté célibataire.

 

Ce que dit la Bible : Marie Madeleine est une des femmes qui accompagnent Jésus, et dont certains noms sont donnés dans l’évangile (Marthe et Marie : Lc 10, 38-42 ; Jeanne, Marie de Magdala, Suzanne : Lc 8, 1-3). Marie Madeleine se montre profondément attachée au Christ, auquel elle donne le titre solennel de « Rabbouni », lorsqu’elle le rencontre après la résurrection (cf. Jn 20, 16). Jamais les évangiles ne laissent supposer qu’il existe une relation amoureuse entre Jésus et Marie Madeleine. Dans le Nouveau Testament, il est dit clairement, en revanche, que le Christ est l’époux de l’Église, exactement dans le même sens que, dans l’Ancien Testament, Yahvé se présentait comme l’époux de son peuple Israël.

 

 

Quant à Marie Madeleine, les évangiles disent d’elle que Jésus en avait chassé « sept démons » (cf. Mc 16, 9 ; Lc 8, 1-3). Une longue tradition l’a associée à la pécheresse qui oignit de parfum les pieds de Jésus (cf. Lc 7, 36-50), et à Marie, sœur de Marthe et Lazare (cf. Lc 10, 39 ; Jn 11, 1-45 et 12, 1-8). De nos jours, l’identité entre ces trois personnes (Marie de Magdala, Marie, sœur de Marthe et Lazare, et la pécheresse pardonnée et aimante) n’est plus considérée comme probable par de nombreux spécialistes.

 

Ce que dit l’Église : l’Église n’a d’autre raison d’être que de transmettre fidèlement la foi des Apôtres et la grâce de Jésus-Christ. Elle ne veut rien ajouter ou retrancher du témoignage des Apôtres sur le Christ. C’est sur cette base qu’elle affirme que Jésus n’a jamais pris femme. À partir de ce fait, et de ce qu’en dit l’Ecriture, l’Église approfondit sa compréhension du mystère de Dieu et de son dessein de salut. Dans cette perspective, le fait que le Christ n’ait pas été marié permet à l’Église, Peuple de Dieu, de se reconnaître comme l’épouse du Christ.

 

En Marie Madeleine, la tradition chrétienne a toujours reconnu une figure insigne du repentir, un modèle de l’amour confiant du pécheur pardonné par le Christ, un exemple de vie contemplative. Loin de dévaluer Marie Madeleine, l’Église l’honore comme sainte Marie Madeleine, et de nombreux sanctuaires lui sont dédiés (comme la basilique de Vézelay). Il n’existe aucune trace de la prétendue lignée royale de Marie Madeleine. Pour les chrétiens, la noblesse des origines n’est rien : c’est l’accueil de la grâce et du pardon de Dieu qui fait la grandeur du chrétien. Le Royaume des Cieux, a dit Jésus, est pour les pauvres, les enfants, et ceux qui leurs ressemblent. « Les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers » (Mt 20, 16).

 

Pour aller plus loin :

Ce que dit l’histoire sur le mariage de Jésus

 

Aucun texte de l’Antiquité n’évoque un tel mariage, y compris les évangiles gnostiques, et les mentalités juives n’excluaient pas forcément le célibat.

 

A-t-on des traces historiques d’un mariage de Jésus ? Il n’existe aucune trace historique d’un mariage de Jésus. Les écrits du Nouveau Testament, bien sûr, n’en parlent pas ; mais aucun autre texte de l’antiquité n’évoque un tel mariage. Il ne semble même pas que le célibat de Jésus ait jamais été remis en question au long des premiers siècles de l’histoire de l’Église. Les textes gnostiques, qui transmettent une vision négative du corps et de la sexualité, seraient d’ailleurs le dernier endroit où chercher l’idée que Jésus ait pu être réellement marié.

 

Mais les mentalités juives n’excluaient-elles pas le célibat ? L’argument consistant à dire que les mentalités juives de l’époque condamnaient le célibat présuppose qu’aucune exception n’était possible. Pourtant, Jésus a montré plusieurs fois qu’il ne se sentait pas tenu par les coutumes juives. Cela lui fut même durement reproché par les Pharisiens. Le Christ se déclare audessus du Sabbat, quand il s’agit du bien du prochain ; il ne soumet pas ses disciples au jeûne ; il protège de la lapidation une femme adultère ; il interdit le divorce ; il prend des repas chez les publicains et les pécheurs… Une telle liberté vis-à-vis des coutumes est même un des traits caractéristiques de la vie de Jésus.

 

Du reste, est-il vrai que les mentalités juives excluent totalement le célibat ? Les évangiles, qui ont incontestablement été écrits par des Juifs, mentionnent l’entourage féminin de Jésus, sans jamais suggérer que Jésus ait pu lui-même avoir une femme. Bien plus, les apôtres s’étonnent un jour de le voir parler seul à seul avec une femme (cf. Jn 4, 27). Jésus lui-même enseigna la valeur du célibat gardé « en vue du Royaume des Cieux » (Mt 19, 10). L’apôtre Paul, juif lui aussi, affirme clairement qu’il n’est pas marié, et qu’il voudrait que tout le monde fût comme lui (I Cor 7, 7). Dans l’Ancien Testament, le prophète Jérémie n’était pas marié. Saint Jean Baptiste ne semble pas non plus l’avoir été.

 

 

On connaît par ailleurs des sectes juives contemporaines du Christ, comme celle des Esséniens, qui prônaient le renoncement au mariage. C’est d’ailleurs l’une de ces communautés esséniennes, celle de Qumrân, que permirent de mieux connaître les fameux « Manuscrits de la Mer morte », dont Dan Brown prétend faire grand cas…

 

Que disent les « évangiles » gnostiques ? Dan Brown affirme que ces textes sont plus anciens et plus fiables que ceux du Nouveau Testament. Il n’en est rien, puisqu’il est établi qu’ils sont tous postérieurs, de beaucoup, aux quatre évangiles canoniques. Quoi qu’il en soit de leur fiabilité, toutefois, les textes gnostiques ne suggèrent jamais que le Christ ait pu être marié à Marie Madeleine. Marie Madeleine n’apparaît que très peu dans les plus anciens de ces textes. Dans l’Évangile de Thomas (IIème siècle) lorsque Pierre demande à Jésus d’éloigner Marie parce que, dit-il, « les femmes de sont pas dignes de la vie », Jésus répond : « Voici que je la guiderai pour en faire un Homme… Toute femme qui se fera Homme entrera dans le royaume de Dieu » (logion 114 ; « Homme » dans ce contexte, désigne le disciple parfait, celui qui a dépassé le masculin et le féminin).

 

Marie Madeleine ne joue un rôle important que dans l’Évangile de Marie et l’Évangile de Philippe (du IIème et IIIème siècles). Ces textes disent que Marie Madeleine était très proche de Jésus – plus proche que les Apôtres, ce qui en offusquait certains – et que Jésus lui avait fait des révélations spéciales. Mais ce qui est toujours décrit, c’est une proximité d’ordre spirituel. De fait, les textes gnostiques se caractérisent par leur vision pessimiste du corps, voire leur condamnation de la sexualité. On peut dire que plus Marie est décrite comme spirituellement proche de Jésus, moins il est vraisemblable qu’elle ait été son épouse.

 

De quand date l’idée que le Christ aurait été marié à Marie Madeleine ? L’idée que Jésus a été marié à Marie Madeleine est, en réalité, une invention… de la fin du XXème siècle. Elle a eu un certain succès dans la littérature, voire le cinéma, avant d’être popularisée par le Da Vinci Code. Elle a également séduit certains théologiens « alternatifs », notamment ceux qui prétendent élaborer une théologie « féministe ». Cette idée correspond bien sûr au refus de considérer le Christ comme Dieu. Mais elle traduit aussi la conception, toute contemporaine, selon laquelle une vie sentimentale et amoureuse est totalement nécessaire à l’équilibre individuel. Ce n’est pas du tout ce que pensaient les Gnostiques au IIème ou au IIIème siècle. L’idée selon laquelle le Christ a dû être marié en dit plus long sur les mentalités actuelles que sur la figure historique de Jésus.

 

Marie Madeleine est l’un des personnages les plus attachants de l’Évangile. Elle est loin d’être confinée à un rôle secondaire. Au contraire, d’après saint Jean, elle est la première à rencontrer le Christ ressuscité, et Jésus la charge de transmettre un message aux autres disciples (cf. Jn 20, 1-18). Alors que les disciples masculins de Jésus paraissent souvent craintifs, ou lents à comprendre ce que Jésus leur dit, Marie Madeleine, et les autres femmes de l’évangile, manifestent toujours une confiance absolue dans le Christ, et une affection plus forte que toutes les épreuves. Les femmes sont, avec l’apôtre Jean, les seules à se tenir au pied de la Croix de Jésus.

 

Les évangiles ne dissimulent jamais les faiblesses des apôtres, ni les tensions qui ont survenu entre eux. Jamais, pourtant, ils n’évoquent une quelconque animosité des disciples envers Marie Madeleine.

 

Saint Paul parle explicitement du mariage de Jésus : il dit de lui qu’il est l’époux de l’Église (cf. Eph 5, 25-32). Ce faisant, Paul utilise une image que le Christ a souvent employé pour parler de lui-même : il est « l’époux qui vient », non pas l’époux charnel d’une personne singulière, mais l’époux spirituel de tout son peuple (cf. Mt 22, 1-14 ; 25, 1-13). Jésus reprend ainsi à son compte les expressions de l’Ancien Testament qui décrivent l’alliance de Yahvé avec le peuple juif comme une alliance conjugale (cf. Is 54, 5 ; Os 2, 16-19). Le Christ est véritablement l’époux de l’Église.

 

Ce que dit l’Eglise sur le mariage de Jésus.

 

L’Eglise témoigne de ce qu’elle a reçu, l’enseignement même des Apôtres, conservé notamment dans le Nouveau Testament.

 

Que le Christ ait été marié ou non, est-ce vraiment important ? Certains disent parfois que cette question, au fond, ne change rien pour eux, que cela ne change rien au message essentiel du Christ. Peut-être même que le Christ, s’il était marié, serait ainsi plus proche de nous, plus « humain » … Mais ce n’est pas ainsi que raisonnent les chrétiens. Pour eux, en effet, il est très important de distinguer entre ce qui leur plairait, et la réalité du Christ. Les chrétiens ne veulent pas d’un Christ « idéalisé » ou conforme aux idées du jour : ils veulent le Christ authentique, celui qui est passé sur la terre, et dont la venue a transformé la vie du monde.

 

Ne s’agit-il pas, au fond, de savoir ce qu’était réellement Jésus ? La question du mariage de Jésus dépend de la manière dont on se représente Jésus. Si Jésus était simplement un « sage », une sorte de philosophe qui a voulu communiquer un message spirituel aux hommes, il n’y a pas de raison pour qu’il n’ait pas été marié. Pour les mentalités contemporaines, cette manière de se représenter Jésus est séduisante, car il semble plus facile de considérer Jésus comme un homme de grande sagesse, que comme le Fils de Dieu fait homme. En outre, dire que le Christ était peut-être marié semble le rendre encore plus « humain », plus proche de nous.

 

Mais la question n’est pas de savoir comment nous aimerions que Jésus ait été. Nous ne voulons pas nous contenter de « projeter » sur lui nos propres idées : nous voulons d’abord savoir qui il était vraiment, et ce qu’il a vraiment dit. Pour cela, le témoignage le plus crédible que nous ayons est l’enseignement même des Apôtres, transmis par l’Église, et conservé notamment dans le Nouveau Testament.

 

D’après ce témoignage, le Christ n’était pas simplement un homme, ni un simple « maître de sagesse ». Il n’est pas venu délivrer une leçon de sagesse. Il n’est pas venu simplement pour « parler » : il est venu pour transformer toute réalité, en réconciliant le monde avec Dieu. Dans le Christ s’accomplit la promesse faite à nos Pères dans l’Ancien Testament : le monde, créé bon par Dieu, avait été perverti par le péché, mais Dieu n’abandonne pas les hommes. Après avoir créé le monde, après avoir laissé les hommes le souiller par le mal, Dieu est venu lui-même pour régénérer le monde. « Voici que je fais toutes choses nouvelles », dit le Christ dans l’Apocalypse (21, 5).

 

Dans cette perspective, le fait que le Christ n’ait pas été marié prend toute sa signification. Il souligne le fait que le Christ est venu sauver toute l’humanité, et qu’il la sauve en « l’épousant », c’est-à-dire en établissant avec elle une alliance, scellée par son sacrifice sur la Croix. Le Christ est né, a vécu, a souffert, est mort et est ressuscité pour tous les hommes de tous les temps. Il n’est pas le « compagnon » de quelques individus singuliers, ni d’une seule personne : il est celui qui marche, jusqu’à la fin du monde, aux côtés de l’humanité. « Je suis avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Au cri de l’évangile « Voici l’époux qui vient ! Sortez à sa rencontre » (Mt 25, 6) répond le cri de l’Église : « Viens, Seigneur Jésus ! » (Ap 22, 20) – le dernier mot de la Bible.

 

 

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